sur un signe du magistrat, les gardes qui l’avaient amené se retirèrent.
Le juge Jarriquez regarda longuement l’accusé. Celui-ci s’était incliné devant lui et gardait une attitude convenable, ni impudente, ni humble, attendant avec dignité que des demandes lui fussent posées pour y répondre.
« Votre nom ? dit le juge Jarriquez.
— Joam Dacosta.
— Votre âge ?
— Cinquante-deux ans.
— Vous demeuriez ?…
— Au Pérou, au village d’Iquitos.
— Sous quel nom ?
— Sous le nom de Garral, qui est celui de ma mère.
— Et pourquoi portiez-vous ce nom ?
— Parce que, pendant vingt-trois ans, j’ai voulu me dérober aux poursuites de la justice brésilienne. »
Les réponses étaient si précises, elles semblaient si bien indiquer que Joam Dacosta était résolu à tout avouer de son passé et de son présent, que le juge Jarriquez, peu habitué à ces procédés, redressa son nez plus verticalement que d’habitude.
« Et pourquoi, reprit-il, la justice brésilienne pouvait-elle exercer des poursuites contre vous ?