Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

52
LA JANGADA

« Je suis sur la piste de Torrès.

— Il est là ! s’écria Benito.

— Non, il vient de sortir, et on l’a vu se diriger à travers la campagne, du côté de l’Amazone.

— Marchons ! » répondit Benito.

Il fallait redescendre vers le fleuve, et le plus court fut de prendre la rive gauche du rio Negro jusqu’à son embouchure.

Benito et ses compagnons eurent bientôt laissé en arrière les dernières maisons de la ville, et ils suivirent la berge, mais en faisant un détour pour ne pas passer en vue de la jangada.

La plaine était déserte à cette heure. Le regard pouvait se porter au loin, à travers cette campine, où les champs cultivés avaient remplacé les forêts d’autrefois.

Benito ne parlait pas : il n’aurait pu prononcer une parole, Manoel et Fragoso respectaient son silence. Ils allaient ainsi tous trois, ils regardaient, ils parcouraient l’espace depuis la rive du rio Negro jusqu’à la rive de l’Amazone. Trois quarts d’heure après avoir quitté Manao, ils n’avaient encore rien aperçu.

Une ou deux fois, des Indiens qui travaillaient à la terre furent rencontrés ; Manoel les interrogea, et l’un d’eux lui apprit enfin qu’un homme, ressemblant