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LA JANGADA

« Contiens-toi, Manoel, dit-il. Je me contiens bien, moi ! »

Puis reprenant :

« En effet, Torrès, je sais quelles sont les raisons qui vous ont fait prendre passage à bord de la jangada. Possesseur d’un secret qui vous a été livré sans doute, vous avez voulu faire œuvre de chantage ! Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit maintenant.

— Et de quoi ?

— Je veux savoir comment vous avez pu reconnaître Joam Dacosta dans le fazender d’Iquitos !

— Comment j’ai pu le reconnaître ! répondit Torrès, ce sont mes affaires, cela, et je n’éprouve pas le besoin de vous les raconter ! L’important, c’est que je ne me sois pas trompé, lorsque j’ai dénoncé en lui le véritable auteur du crime de Tijuco !

— Vous me direz !… s’écria Benito, qui commençait à perdre la possession de lui-même.

— Je ne dirai rien ! riposta Torrès. Ah ! Joam Dacosta a repoussé mes propositions ! Il a refusé de m’admettre dans sa famille ! Eh bien ! maintenant que son secret est connu, qu’il est arrêté, c’est moi qui refuserai d’entrer dans sa famille, la famille d’un voleur, d’un assassin, d’un condamné que le gibet attend !

— Misérable ! » s’écria Benito, qui, à son tour, tira