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LE DERNIER COUP.

crier… crier que la vie de Joam Dacosta était attachée à la sienne !… Il n’en eut pas le temps.

Un second coup de la manchetta s’enfonça, cette fois, jusqu’au cœur de l’aventurier. Il tomba en arrière, et, le sol lui manquant soudain, il fut précipité en dehors de la berge. Une dernière fois ses mains se raccrocheront convulsivement à une touffe de roseaux, mais elles ne purent l’y retenir… il disparut sous les eaux du fleuve.

Benito était appuyé sur l’épaule de Manuel. Fragoso lui serrait les mains. Il ne voulut même pas donner à ses compagnons le temps de panser sa blessure, qui était légère.

« À la jangada ! dit-il, à la jangada ! »

Manoel et Fragoso, sous l’empire d’une émotion profonde, le suivirent sans ajouter une parole.

Un quart d’heure après, tous trois arrivaient près de la berge à laquelle la jangada était amarrée.

Benito et Manoel se précipitaient dans la chambre de Yaquita et de Minha, et ils les mettaient toutes deux au courant de ce qui venait de se passer.

« Mon fils ! mon frère ! »

Ces cris étaient partis à la fois.

À la prison !… dit Benito.

— Oui !… viens !… viens !… » répondit Yaquita. Benito, suivi de Manoel, entraîna sa mère. Tous