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LA JANGADA.

Le rio Negro, découvert, en 1645, par l’Espagnol Favella, prend sa source au flanc des montagnes situées, dans le nord-ouest, entre le Brésil et la Nouvelle-Grenade, au cœur même de la province de Popayan, et il est mis en communication avec l’Orénoque, c’est-à-dire avec les Guyanes, par deux de ses affluents, le Pimichim et le Cassiquaire.

Après un superbe cours de dix-sept cents kilomètres, le rio Negro vient, par une embouchure de onze cents toises, épancher ses eaux noires dans l’Amazone, mais sans qu’elles s’y confondent sur un espace de plusieurs milles, tant leur déversion est active et puissante. En cet endroit, les pointes de ses deux rives s’évasent et forment une vaste baie, profonde de quinze lieues, qui s’étend jusqu’aux îles Anavilhanas.

C’est là, dans l’une de ces étroites indexations, que se creuse le port de Manao. De nombreuses embarcations s’y rencontrent, les unes mouillées au courant du fleuve, attendant un vent favorable, les autres en réparation dans les nombreux iguarapés ou canaux qui sillonnent capricieusement la ville et lui donnent un aspect quelque peu hollandais.

Avec l’escale des bateaux à vapeur, qui ne va pas tarder à s’établir près de la jonction des deux fleuves, le commerce de Manao doit sensiblement s’ac-