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Page:Verne - La Maison à vapeur, Hetzel, 1902.djvu/23

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le colonel munro.

« Je serais curieux de savoir ce que Banks va pouvoir répondre à M. Maucler, notre hôte.

— Cela ne m’embarrasse en aucune façon répondit l’ingénieur, et j’avoue que Maucler a raison en tous points.

— Alors, s’écria le capitaine Hod, s’il en est ainsi, pourquoi construisez-vous des chemins de fer ?

— Pour vous permettre, capitaine, d’aller en soixante heures de Calcutta à Bombay, lorsque vous êtes pressé.

— Je ne suis jamais pressé !

— Eh bien, alors, prenez le Great Trunk road, répondit l’ingénieur. Prenez-le, Hod, et allez à pied !

— C’est bien ce que je compte faire !

— Quand ?

— Quand mon colonel consentira à me suivre dans une jolie promenade de huit ou neuf cents milles à travers la péninsule ! »

Le colonel se contenta de sourire, et retomba dans une de ces longues rêveries dont ses meilleurs amis, entre autres l’ingénieur Banks et le capitaine Hod, avaient tant de peine à le tirer.

J’étais arrivé depuis un mois dans l’Inde, et, pour avoir pris le Great Indian Peninsular, qui relie Bombay à Calcutta par Allahabad, je ne connaissais absolument rien de la péninsule.

Mais mon intention était de parcourir d’abord sa partie septentrionale, au delà du Gange, d’en visiter les grandes villes, d’en étudier les principaux monuments, et de consacrer à cette exploration tout le temps qu’il faudrait pour qu’elle fût complète.

J’avais connu à Paris l’ingénieur Banks. Depuis quelques années, nous étions liés d’une amitié qu’une intimité plus profonde ne pouvait qu’accroître. Je lui avais promis de venir le voir à Calcutta, dès que l’achèvement de la portion du Scind Punjab and Delhi, dont il était chargé, le rendrait libre. Or, les travaux venaient d’être terminés. Banks avait droit à un repos de plusieurs mois, et j’étais venu lui demander de se reposer en se fatiguant à courir l’Inde. S’il avait accepté ma proposition avec enthousiasme, cela va sans dire ! Aussi devions-nous partir dans quelques semaines, dès que la saison serait devenue favorable.

À mon arrivée à Calcutta, au mois de mars 1867, Banks m’avait fait faire connaissance avec l’un de ses braves camarades, le capitaine Hod ; puis, il