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attaque nocturne.

avec ordre d’en ramener la cage roulante sous la conduite d’un charretier. Pendant ce temps, nous pûmes observer tout à l’aise l’animal, dont notre présence redoublait la fureur.

Le fournisseur, lui, ne le quittait pas des yeux. Il tournait autour de l’arbre, ayant soin, d’ailleurs, de se tenir hors de portée des coups de griffe que le lion détachait à droite et à gauche.

Une demi-heure après, arrivait la cage, traînée par deux buffles. On y descendait le pendu, non sans quelque peine, et nous reprenions le chemin du kraal.

« Je commençais véritablement à désespérer, nous dit Mathias Van Guitt. Les lions ne figurent pas pour un chiffre important parmi les bêtes némorales de l’Inde…

– Némorales ? dit le capitaine Hod.

– Oui, les bêtes qui hantent les forêts, et je m’applaudis d’avoir pu capturer ce fauve, qui fera honneur à ma ménagerie ! »

Du reste, Mathias Van Guitt, à dater de ce jour, n’eut plus à se plaindre de la malchance.

Le 11 août, deux léopards furent pris conjointement dans ce premier piège à tigres, dont nous avions extrait le fournisseur.

C’étaient deux tchitas, semblables à celui qui avait si audacieusement attaqué le Géant d’Acier dans les plaines du Rohilkhande, et dont nous n’avions pu nous emparer.

Il ne manquait plus que deux tigres pour que le stock de Mathias Van Guitt fût complet.

Nous étions au 15 août. Le colonel Munro n’avait pas encore reparu. De nouvelles de lui, pas la moindre. Banks était inquiet plus qu’il ne le voulait paraître. Il interrogea Kâlagani, qui connaissait la frontière népalaise, sur les dangers que pouvait courir sir Edward Munro à s’aventurer sur ces territoires indépendants. L’Indou lui assura qu’il ne restait plus un seul des partisans de Nana Sahib aux confins du Thibet. Toutefois, il parut regretter que le colonel ne l’eût pas choisi pour guide. Ses services lui auraient été très utiles, dans un pays dont les moindres sentiers lui étaient connus. Mais il ne fallait pas songer maintenant à le rejoindre.

Cependant, le capitaine Hod et Fox, plus particulièrement, continuaient leurs excursions dans le Tarryani. Aidés des chikaris du kraal, ils parvinrent à tuer trois autres tigres de moyenne taille, non sans grands risques. Deux de