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la maison à vapeur.

Je fis à Banks le récit de nos aventures. S’il nous félicita d’en avoir été quittes à si bon marché, cela va sans dire ! Trop souvent, dans des attaques de ce genre, pas un des assaillis n’a pu revenir pour raconter les hauts faits des assaillants !

Quant au capitaine Hod, il dut, bon gré, mal gré, porter son bras en écharpe ; mais l’ingénieur, qui était le véritable médecin de l’expédition, ne trouva rien de grave à sa blessure, et il affirma que dans quelques jours il n’y paraîtrait plus.

Au fond, le capitaine Hod était très mortifié d’avoir reçu un coup sans avoir pu le rendre. Et, cependant, il avait ajouté un tigre aux quarante-huit qui figuraient à son actif.

Le lendemain, 27 août, dans l’après-midi, les aboiements des chiens retentirent avec force, mais joyeusement.

C’étaient le colonel Munro, Mac Neil et Goûmi qui rentraient au sanitarium. Leur retour nous procura un véritable soulagement. Sir Edward Munro avait-il mené à bonne fin son expédition ? nous ne le savions pas encore. Il revenait sain et sauf. Là était l’important.

Tout d’abord, Banks avait couru à lui, il lui serrait la main, il l’interrogeait du regard.

« Rien ! » se contenta de répondre le colonel Munro par un simple signe de tête.

Ce mot signifiait non seulement que les recherches entreprises sur la frontière népalaise n’avaient donné aucun résultat, mais aussi que toute conversation sur ce sujet devenait inutile. Il semblait nous dire qu’il n’y avait plus lieu d’en parler.

Mac Neil et Goûmi, que Banks interrogea dans la soirée, furent plus explicites. Ils lui apprirent que le colonel Munro avait effectivement voulu revoir cette portion de l’Indoustan, où Nana Sahib s’était réfugié avant sa réapparition dans la présidence de Bombay. S’assurer de ce qu’étaient devenus les compagnons du nabab, rechercher si, de leur passage sur ce point de la frontière indo-chinoise, il ne restait plus trace, tâcher d’apprendre si, à défaut de Nana Sahib, son frère Balao Rao ne se cachait pas dans cette contrée soustraite encore à la domination anglaise, tel avait été le but de Sir Edward Munro. Or, de ses recherches, il résultait, à n’en plus douter, que les rebelles avaient quitté le pays. De leur campement, où avaient été célébrées les fausses obsèques destinées à accréditer la mort de Nana Sahib, il n’y avait plus vestige.