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le dernier adieu de mathias van guitt.

l’extrémité de la trompe de l’éléphant, qui se déroulait au milieu des premières volutes de vapeur.

Les serpents, sortis vivants des tubes, s’étaient rapidement et lestement dispersés dans les broussailles, sans que nous eussions eu le temps de les détruire.

Mais le python ne put déguerpir si aisément du cylindre de tôle. Aussi le capitaine Hod se hâta-t-il d’aller prendre sa carabine, et, d’une balle, il lui brisa la tête.

Goûmi, grimpant alors sur le Géant d’Acier, se hissa à l’orifice supérieur de sa trompe, et, avec l’aide de Kâlouth et de Storr, il parvint à en retirer l’énorme reptile.

Rien de plus magnifique que ce boa, avec sa robe d’un vert mêlé de bleu, décorée d’anneaux réguliers et qui semblait avoir été taillée dans une peau de tigre. Il ne mesurait pas moins de cinq mètres de long sur une grosseur égale à celle du bras.

C’était donc un superbe échantillon de ces ophidiens de l’Inde, et il eût avantageusement figuré dans la ménagerie de Mathias Van Guitt, vu le nom de python-tigre qu’on lui donne. Cependant, je dois avouer que le capitaine Hod ne crut pas devoir le porter à son propre compte.

Cette exécution faite, Kâlouth referma la boîte à fumée, le tirage s’opéra régulièrement, le feu du foyer s’activa au passage du courant d’air, la chaudière ne tarda pas à ronfler sourdement, et, trois quarts d’heure après, le manomètre indiquait une pression suffisante de la vapeur. Il n’y avait plus qu’à partir.

Les deux chars furent attelés l’un à l’autre, et le Géant d’Acier manœuvra de manière à venir prendre la tête du train.

Un dernier coup d’œil fut donné à l’admirable panorama qui se déroulait dans le sud, un dernier regard à cette merveilleuse chaîne dont le profil dentelait le fond du ciel vers le nord, un dernier adieu au Dawalaghiri, qui dominait de sa cime tout ce territoire de l’Inde septentrionale, et un coup de sifflet annonça le départ.

La descente sur la route sinueuse s’opéra sans difficulté. Le serre-frein atmosphérique retenait irrésistiblement les roues sur les pentes trop raides. Une heure après, notre train s’arrêtait à la limite inférieure du Tarryani, à la lisière de la plaine.

Le Géant d’Acier fut alors détaché, et, sous la conduite de Banks, du méca-