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hod contre banks.

sieurs fois, certaines rampes de douze à quinze centimètres par mètre furent franchies.

Quant aux erreurs d’itinéraire, il ne semblait pas qu’elles fussent à craindre. Kâlagani connaissait parfaitement ces sinueuses passes de la région des Vindhyas, et plus particulièrement ce col de Sirgour. Aussi n’hésitait-il jamais, même lorsque plusieurs routes venaient s’amorcer à quelque carrefour perdu dans les hautes roches, au fond de gorges resserrées au milieu de ces épaisses forêts d’arbres alpestres qui limitaient à deux ou trois centaines de pas la portée du regard. S’il nous quittait parfois, s’il allait en avant, tantôt seul, tantôt accompagné de Banks, de moi ou de tout autre de nos compagnons, c’était pour reconnaître, non la route, mais son état de viabilité.

En effet, les pluies, pendant l’humide saison qui venait à peine de finir, n’étaient pas sans avoir détérioré les chaussées, raviné le sol, — circonstances dont il convenait de tenir compte, avant de s’engager sur des chemins où le recul n’eût pas été facile.

Au simple point de vue de la locomotion, on allait donc aussi bien que possible. La pluie avait absolument cessé. Le ciel, à demi voilé par de légères brumes qui tamisaient les rayons solaires, ne contenait aucune menace de ces orages dont on redoute particulièrement la violence dans la région centrale de la péninsule. La chaleur, sans être intense, ne laissait pas de nous éprouver un peu pendant quelques heures du jour ; mais, en somme, la température se tenait à un degré moyen, très supportable pour des voyageurs parfaitement clos et couverts. Le menu gibier ne manquait pas, et nos chasseurs pourvoyaient aux besoins de la table, sans s’écarter de Steam-House plus qu’il ne convenait.

Seul, le capitaine Hod, — Fox aussi, sans doute, — pouvaient regretter l’absence de ces fauves, qui abondaient dans le Tarryani. Mais devaient-ils s’attendre à rencontrer des lions, des tigres, des panthères, là où les ruminants, nécessaires à leur nourriture, faisaient défaut ?

Cependant, si ces carnassiers manquaient à la faune des Vindhyas, l’occasion se présenta pour nous de faire plus amplement connaissance avec les éléphants de l’Inde, — je veux dire les éléphants sauvages, dont nous n’avions aperçu jusqu’ici que de rares échantillons.

Ce fut dans la journée du 30 septembre, vers midi, qu’un couple de ces superbes animaux fut signalé à l’avant du train. À notre approche, ils se je-