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Page:Verne - La Maison à vapeur, Hetzel, 1902.djvu/375

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face à face

avait répondu, il se jeta de côté et disparut dans les jungles qui bordaient la route.

Et, lorsque Kâlagani revint avec son complice, dans l’intention de se débarrasser du compagnon que lui avait imposé le colonel Munro, Goûmi n’était plus là.

Nassim était le chef d’une bande de Dacoits, dévoué à la cause de Nana Sahib. Lorsqu’il apprit la disparition de Goûmi, il lança ses hommes à travers les jungles. À tout prix, il voulait reprendre le hardi serviteur qui venait de s’échapper.

Les recherches furent inutiles. Goûmi, soit qu’il se fût perdu dans l’obscurité, soit qu’un trou quelconque lui servît de refuge, avait disparu, et il fallut renoncer à le retrouver.

Mais, en somme, que pouvaient-ils craindre, ces Dacoits, de Goûmi, livré à ses seules ressources, au milieu de cette région sauvage, à trois heures de marche déjà du lac Puturia, qu’il ne pourrait, quelle que fût sa diligence, rejoindre avant eux ?

Kâlagani en prit donc son parti. Il conféra un instant avec le chef des Dacoits, qui semblait attendre ses ordres. Puis, tous, redescendant la route, se portèrent à grands pas dans la direction du lac.

Et maintenant, si cette troupe avait quitté les gorges des Vindhyas, où elle campait depuis quelque temps, c’est que Kâlagani avait pu faire connaître la prochaine arrivée du colonel Munro aux environs du lac Puturia. Par qui ? Par cet Indou, qui n’était autre que Nassim et qui suivait la caravane des Banjaris. À qui ? À celui dont la main dirigeait dans l’ombre toute cette machination !

En effet, ce qui s’était passé, ce qui se passait alors, c’était le résultat d’un plan bien arrêté, auquel le colonel Munro et ses compagnons ne pouvaient se soustraire. C’est pourquoi, au moment où le train accostait la pointe méridionale du lac, les Dacoits purent l’attaquer sous les ordres de Nassim et de Kâlagani.

Mais c’était au colonel Munro qu’on en voulait, à lui seul. Ses compagnons, abandonnés dans ce pays, leur dernière maison détruite, n’étaient plus à craindre. Il fut donc entraîné, et, à sept heures du matin, six milles le séparaient déjà du lac Puturia.

Que sir Edward Munro fût conduit par Kâlagani à la station de Jubbulpore, ce n’était pas admissible. Aussi se disait-il qu’il ne devait pas quitter la région