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Page:Verne - La Maison à vapeur, Hetzel, 1902.djvu/388

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la maison à vapeur.

Mais, presque aussitôt, il se dit que cela ne pouvait être. En effet, si le nabab avait résolu leur mort, il les aurait réunis à lui dans le même supplice. Il eût voulut doubler ses angoisses de celles de ses amis. Non ! ce n’était que sur lui, sur lui seul, – il essayait de l’espérer, – que Nana Sahib voulait assouvir sa haine !

Cependant, si déjà et par impossible, Banks, le capitaine Hod, Maucler, étaient libres, que faisaient-ils ? Avaient-ils pris la route de Jubbulpore, sur laquelle le Géant d’Acier, que n’avaient pu détruire les Dacoits, pouvait les transporter rapidement ? Là, les secours ne manqueraient pas ! Mais à quoi bon ? Comment auraient-ils su où était le colonel Munro ? Nul ne connaissait cette forteresse de Ripore, ce repaire de Nana Sahib. Et, d’ailleurs, pourquoi le nom du nabab leur serait-il venu à la pensée ? Nana Sahib n’était-il pas mort pour eux ? N’avait-il pas succombé à l’attaque du pâl de Tandît ? Non ! ils ne pouvaient rien pour le prisonnier !

Du côté de Goûmi, nul espoir non plus. Kâlagani avait eu tout intérêt à se défaire de ce dévoué serviteur, et puisque Goûmi n’était pas là, c’est qu’il avait précédé son maître dans la mort !

Compter sur une chance quelconque de salut, c’eût été inutile. Le colonel Munro n’était point homme à s’illusionner. Il voyait les choses dans leur vrai, et il revint à ses premières pensées, au souvenir des jours heureux qui emplissait son cœur.

Combien d’heures s’étaient écoulées, pendant qu’il rêvait ainsi, il lui eût été difficile de l’évaluer. La nuit était toujours obscure. Rien n’apparaissait encore à la cime des montagnes de l’est, qui annonçât les premières lueurs de l’aube.

Cependant, il devait être environ quatre heures du matin, lorsque l’attention du colonel Munro fut attirée par un phénomène assez singulier. Jusqu’à ce moment, pendant ce retour sur son existence passée, il avait plutôt regardé en dedans qu’en dehors de lui. Les objets extérieurs, peu distincts au milieu de ces profondes ténèbres, n’auraient pu le distraire ; mais alors, ses yeux devinrent plus fixes, et toutes les images, évoquées dans son souvenir, s’effacèrent soudain devant une sorte d’apparition, aussi inattendue qu’inexplicable.

En effet, le colonel Munro n’était plus seul sur le plateau de Ripore. Une lumière, encore indécise, venait de se montrer vers l’extrémité du sentier, à la poterne de la forteresse. Elle allait et venait, vacillante, trouble, menaçant de