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Page:Verne - La Maison à vapeur, Hetzel, 1902.djvu/398

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la maison à vapeur.

« Munro !

– Nana Sahib ! »

Le nabab, au bruit de la détonation, était accouru et remontait en toute hâte à la forteresse. Il ne pouvait comprendre pourquoi ses ordres avaient été exécutés avant l’heure.

Un Indou l’accompagnait, mais, avant que cet Indou n’eût pu faire ni un pas ni même un geste, il tombait aux pieds de Goûmi, mortellement frappé de ce couteau qui avait coupé les liens du colonel.

« À moi ! cria Nana Sahib, appelant toute la troupe qui descendait le sentier.

— Oui, à toi ! » répondit Goûmi.

Et, plus prompt que l’éclair, il se jeta sur le nabab. Son intention avait été, — du moins s’il ne parvenait pas à le tuer du premier coup, — de lutter du moins avec lui, de manière à donner au colonel Munro le temps de gagner la route ; mais la main de fer du nabab avait arrêté la sienne, et son couteau venait de lui échapper.

Furieux de se sentir désarmé, Goûmi saisit alors son adversaire à la ceinture, et, le serrant sur sa poitrine, il l’emporta dans ses bras vigoureux, décidé à se précipiter avec lui dans le premier abîme qu’il rencontrerait.

Cependant, Kâlagani et ses compagnons, se rapprochant, allaient atteindre l’extrémité inférieure du sentier, et alors plus d’espérance de pouvoir leur échapper !

« Encore un effort ! répéta Goûmi. Je tiendrai bon pendant quelques minutes, en me faisant un bouclier de leur nabab ! Fuyez, maître, fuyez sans moi ! »

Mais trois minutes à peine séparaient maintenant les fugitifs de ceux qui les poursuivaient, et le nabab appelait Kâlagani d’une voix étouffée.

Tout à coup, à vingt pas en avant, des cris retentirent.

« Munro ! Munro ! »

Banks était là, sur le chemin de Ripore, avec le capitaine Hod, Maucler, le sergent Mac Neil, Fox, Parazard, et, à cent pas d’eux, sur la grande route, le Géant d’Acier, lançant des tourbillons de fumée, les attendait avec Storr et Kâlouth !

Après la destruction de la dernière maison de Steam-House, l’ingénieur et ses compagnons n’avaient plus qu’un parti à prendre : utiliser comme véhicule l’éléphant que la bande des Dacoits n’avait pu détruire. Donc, juchés sur le Géant d’Acier, ils avaient aussitôt quitté le lac Puturia et remonté la route de Jubbulpore. Mais, au moment où ils passaient devant le chemin qui menait à la