Page:Verne - Le Château des Carpathes.djvu/38

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— S’il ne brûle pas, il fume.

— C’est quelque vapeur…

— Non, c’est une fumée… Venez voir. »

Et tous deux se dirigèrent vers le milieu de la grande rue du village, au bord d’une terrasse dominant les ravins du col, de laquelle on pouvait distinguer le château.

Une fois là, Frik tendit la lunette à maître Koltz.

Évidemment, l’usage de cet instrument ne lui était pas plus connu qu’à son berger.

« Qu’est-ce cela ? dit-il.

— Une machine que je vous ai achetée deux florins, mon maître, et qui en vaut bien quatre !

— À qui ?

— À un colporteur.

— Et pour quoi faire ?

— Ajustez cela à votre œil, visez le burg en face, regardez, et vous verrez. »

Le juge braqua la lunette dans la direction du château et l’examina longuement.

Oui ! c’était une fumée qui se dégageait de l’une des cheminées du donjon. En ce moment, déviée par la brise, elle rampait sur le flanc de la montagne.

« Une fumée ! » répéta maître Koltz stupéfait.

Cependant, Frik et lui venaient d’être rejoints par Miriota et le forestier Nic Deck, qui étaient rentrés au logis depuis quelques instants.

« À quoi cela sert-il ? demanda le jeune homme en prenant la lunette.

— À voir au loin, répondit le berger.

— Plaisantez-vous, Frik ?

— Je plaisante si peu, forestier, qu’il y a une heure à peine, j’ai pu vous reconnaître, tandis que vous descendiez la route de Werst, vous et aussi… »