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au mont blanc.


Cabane des Grands-Mulets. Caravane descendant. (Page 199.)


Dans l’espoir d’assister à la chute de l’avalanche, nous prolongeâmes notre halte, mais nous attendîmes en vain. Comme la journée s’avançait et qu’il n’était pas prudent de s’attarder dans ces solitudes glacées, nous nous décidons à continuer notre route, et, vers cinq heures, nous atteignons la cabane des Grands-Mulets.

Après une mauvaise nuit et un violent accès de fièvre occasionné par les coups de soleil que nous avions rapportés de notre expédition, nous nous disposons à regagner Chamonix ; mais avant de partir, nous inscrivons, suivant l’usage, sur le registre déposé à cet effet aux Grands-Mulets, les noms de nos guides et les principales circonstances de notre voyage.

En feuilletant ce registre, qui contient l’expression plus ou moins heureuse, mais toujours sincère, des sentiments qu’éprouvent les touristes à la vue d’un monde si nouveau, je remarquai un hymne au mont Blanc, écrit en langue anglaise. Comme il résume assez bien mes propres impressions, je vais essayer de le traduire :

Le mont Blanc, ce géant dont la fière attitude
Écrase ses rivaux, jaloux de sa beauté,
Ce colosse imposant qui, dans sa solitude,
Semble défier l’homme, eh bien ! je l’ai dompté !

Oui, malgré ses fureurs, sur sa cime orgueilleuse,
J’ai, sans pâlir, gravé l’empreinte de mes pas.
J’ai terni de ses flancs l’hermine radieuse,
Bravant vingt fois la mort et ne reculant pas.