Page:Verne - Le Docteur Ox.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XII

Dans lequel le préparateur Ygène émet un avis raisonnable, qui est repoussé avec vivacité par le docteur Ox.

« Eh bien ! maître, disait le lendemain le préparateur Ygène, en versant des seaux d’acide sulfurique dans l’auge de ses énormes piles.

— Eh bien ! reprit le docteur Ox, n’avais-je pas raison ? Voyez à quoi tiennent, non seulement les développements physiques de toute une nation, mais sa moralité, sa dignité, ses talents, son sens politique ! Ce n’est qu’une question de molécules…

— Sans doute, mais…

— Mais ?…

— Ne trouvez-vous pas que les choses sont allées assez loin, et qu’il ne faudrait pas surexciter ces pauvres diables outre mesure ?

— Non ! non ! s’écria le docteur, non ! j’irai jusqu’au bout.

— Comme vous voudrez, maître ; toutefois l’expérience me paraît concluante, et je pense qu’il serait temps de…

— De ?…

— De fermer le robinet.

— Par exemple ! s’écria le docteur Ox. Avisez-vous-en, et je vous étrangle ! »


XIII

Où il est prouvé une fois de plus que d’un lieu élevé on domine toutes les petitesses humaines.

« Vous dites ? demanda le bourgmestre van Tricasse au conseiller Niklausse.

— Je dis que cette guerre est nécessaire, répondit le conseiller d’un ton ferme, et que le temps est venu de venger notre injure.

— Eh bien ! moi, répondit avec aigreur le bourgmestre, je vous répète que, si la population de Quiquendone ne profitait pas de cette occasion pour revendiquer ses droits, elle serait indigne de son nom.

— Et moi, je vous soutiens que nous devons sans tarder réunir nos cohortes et les porter en avant.