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Page:Verne - Le Pays des fourrures.djvu/374

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le pays des fourrures.

avaient des victimes à sauver, et, parmi elles, cette courageuse et bien-aimée femme, pour laquelle ils auraient donné leur vie. C’était maintenant l’heure d’agir. On pouvait aborder l’enceinte. Il ne fallait pas perdre un instant. Depuis six heures déjà, les malheureux étaient enfouis sous les débris de l’avalanche.

On l’a dit, le cap Bathurst n’existait plus. Repoussé par un énorme iceberg, il s’était renversé en grand sur la factorerie, brisant l’embarcation, couvrant ensuite le chenil et l’étable, qu’il avait écrasés avec les animaux qu’ils renfermaient. Puis, la maison principale avait disparu sous la couche de sable et de terre, que des blocs amassés sur une hauteur de cinquante à soixante pieds accablaient de leur poids. La cour du fort était comblée. De la palissade on ne voyait plus un seul poteau. C’était sous cette masse de glaçons, de terre et de sable, et au prix d’un travail effrayant, qu’il fallait chercher les victimes.

Avant de se remettre à l’œuvre, le lieutenant Hobson appela le maître charpentier.

« Mac Nap, lui demanda-t-il, pensez-vous que la maison ait pu supporter le poids de l’avalanche ?

— Je le crois, mon lieutenant, répondit Mac Nap, et je serais presque tenté de l’affirmer. Nous avions consolidé cette maison, vous le savez. Son toit était casematé, et les poutres placées verticalement entre les planchers et les plafonds ont dû résister. Remarquez aussi que la maison a été d’abord recouverte d’une couche de sable et de terre, qui a pu amortir le choc des blocs précipités du haut de la banquise.

— Dieu vous donne raison, Mac Nap ! répondit Jasper Hobson, et qu’il nous épargne une telle douleur ! »

Puis il fit venir Mrs. Joliffe.

« Madame, lui demanda-t-il, est-il resté des vivres dans la maison ?

— Oui, monsieur Jasper, répondit Mrs. Joliffe, l’office et la cuisine contenaient encore une certaine quantité de conserves.

— Et de l’eau ?

— Oui, de l’eau et du brandevin, répondit Mrs. Joliffe.

— Bon, fit le lieutenant Hobson, ils ne périront ni par la faim ni par la soif ! Mais l’air ne leur manquera-t-il pas ? »

À cette question, le maître charpentier ne put répondre. Si la maison avait résisté, comme il le croyait, le manque d’air était alors le plus grand danger qui menaçât les quatre victimes. Mais enfin, ce danger, on pouvait le conjurer en les délivrant rapidement, ou, tout au moins, en établissant aussi vite que possible une communication entre la maison ensevelie et l’air extérieur.