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tous au travail.

Il y avait en ce moment près de soixante-seize heures que l’avalanche s’était abattue sur la maison.

Kellet et son compagnon, le soldat Pond, avaient repris leur travail. La profondeur du puits devait presque avoir atteint le niveau de la mer, et, par conséquent, Mac Nap ne pouvait conserver aucun espoir.

En moins de vingt minutes, le corps dur, heurté par le pic, était à découvert. C’était un des chevrons du toit. Le charpentier, s’élançant au fond du puits, saisit une pioche et fit voler les lattes du faîtage. En quelques instants, une large ouverture fut pratiquée…

À cette ouverture, apparut une figure à peine reconnaissable dans l’ombre.

C’était la figure de Kalumah !

« À nous ! À nous ! » murmura faiblement la pauvre Esquimaude.

Jasper Hobson se laissa glisser par l’ouverture. Un froid très vif le saisit. L’eau lui montait à la ceinture. Contrairement à ce qu’on croyait, le toit n’avait point été écrasé, mais aussi, comme l’avait supposé Mac Nap, la maison s’était enfoncée à travers le sol, et l’eau était là. Mais cette eau ne remplissait pas le grenier, elle ne s’élevait que d’un pied à peine au-dessus du plancher. Il y avait encore un espoir !…

Le lieutenant, s’avançant dans l’obscurité, rencontra un corps sans mouvement ! Il le traîna jusqu’à l’ouverture, à travers laquelle Pond et Kellet le saisirent et l’enlevèrent. C’était Thomas Black.

Un autre corps fut amené, celui de Madge. Des cordes avaient été jetées de l’orifice du puits. Thomas Black et Madge, enlevés par leurs compagnons, reprenaient peu à peu leurs sens à l’air extérieur.

Restait Mrs. Paulina Barnett à sauver. Jasper Hobson, conduit par Kalumah, avait dû gagner l’extrémité du grenier, et, là, il avait enfin trouvé celle qu’il cherchait, sans mouvement, la tête à peine hors de l’eau. La voyageuse était comme morte. Le lieutenant Hobson la prit dans ses bras, il la porta près de l’ouverture, et, peu d’instants après, elle et lui, Kalumah et Mac Nap apparaissaient à l’orifice du puits.

Tous les compagnons de la courageuse femme étaient là, ne prononçant pas une parole, désespérés.

La jeune Esquimaude, si faible elle-même, s’était jetée sur le corps de son amie.

Mrs. Paulina Barnett respirait encore, et son cœur battait. L’air pur, aspiré par ses poumons desséchés, ramena peu à peu la vie en elle. Elle ouvrit enfin les yeux.

Un cri de joie s’échappa de toutes les poitrines, un cri de reconnaissance qui monta vers le ciel, et qui certainement fut entendu là-haut !