Lorsque, dans la matinée de ce même jour, Karl Dragoch eut sauté sur la berge, où l’attendait son subordonné, celui-ci l’avait entraîné vers l’amont. Après deux ou trois cents mètres de marche, les deux policiers étaient arrivés à un canot, dissimulé dans les herbes de la rive, à bord duquel ils s’embarquèrent. Aussitôt, les avirons, vigoureusement maniés par Friedrick Ulhmann, emportèrent rapidement la légère embarcation de l’autre côté du fleuve.
« C’est donc sur la rive droite que le crime a été commis ? demanda à ce moment Karl Dragoch.
— Oui, répondit Friedrick Ulhmann.
— Dans quelle direction ?
— En amont. Dans les environs de Gran.
— Comment ! Dans les environs de Gran, se récria Dragoch. Ne me disais-tu pas tout à l’heure que nous n’avions que peu de chemin à faire ?
— Ce n’est pas loin, dit Ulhmann. Il y a peut-être bien trois kilomètres, tout de même. »
Il y en avait quatre, en réalité, et cette longue étape ne put être franchie sans difficulté par un homme qui venait à peine d’échapper à la mort. Plus d’une fois, Karl Dragoch dut s’étendre, afin de reprendre le souffle qui lui manquait. Il était près de trois heures de l’après-midi, quand il atteignit enfin la villa du comte Hagueneau, où l’appelait sa fonction.