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Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/170

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LE PILOTE DU DANUBE.

arrachée des mains de l’agent qui la portait. L’obscurité redevint profonde.

« Maladroit !… gronda Dragoch. De la lumière, Frantz !… De la lumière !… »

Son dépit était d’autant plus vif qu’au dernier éclat jeté par la torche en s’éteignant, il avait cru voir la charrette commencer un mouvement de retraite et s’éloigner sous les arbres. Malheureusement, il ne pouvait être question de lui donner la chasse. C’est une vivante muraille que l’escouade de police rencontrait devant elle. À chaque agent s’opposaient deux ou trois adversaires, et Dragoch comprenait un peu tard qu’il ne disposait pas de forces suffisantes pour s’assurer la victoire. Jusqu’ici, aucun coup de feu n’avait été tiré, ni d’un côté, ni de l’autre.

« Titcha !… appela à ce moment une voix dans la nuit.

— Présent ! répondit une autre voix.

— La voiture ?

— Partie.

— Alors, il faut en finir. »

Ces voix, Dragoch les enregistra dans sa mémoire. Il ne devait jamais les oublier.

Ce court dialogue échangé, les revolvers se mirent aussitôt de la partie, ébranlant l’atmosphère de leurs sèches détonations. Quelques agents furent atteints par les balles, et Karl Dragoch, se rendant compte qu’il y aurait eu folie à s’obstiner, dut se résoudre à ordonner la retraite.

L’escouade de police regagna donc la