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LE PILOTE DU DANUBE.

de transport, d’habitation et de magasin inviolable. Au-dessous du bateau visible, un autre plus petit s’appliquait, le pont de celui-ci formant le fond de celui-là. Ce second bateau, d’une profondeur de deux mètres environ, avait un déplacement tel, qu’il fût capable de porter le premier et de le soulever d’un pied ou deux au-dessus de la surface de l’eau. On avait remédié à cet inconvénient, qui aurait, sans cela, dévoilé la supercherie, en chargeant le bateau inférieur d’une quantité de lest suffisant à le noyer entièrement, de telle sorte que le chaland supérieur gardât la ligne de flottaison qu’il devait avoir à vide.

Vide, sa cale l’était toujours, les marchandises volées, qui allaient s’entasser dans le double fond, y remplaçaient un poids correspondant de lest, et l’aspect de l’extérieur n’était en rien modifié.

Par exemple cette gabarre, qui, lège, aurait dû normalement caler à peine un pied, s’enfonçait dans l’eau de près de sept. Cela n’était pas sans créer de réelles difficultés dans la navigation du Danube et rendait nécessaire le concours d’un excellent pilote. Ce pilote, la bande le possédait dans la personne de Yacoub Ogul, un israélite natif lui aussi de Roustchouk. Très pratique du fleuve, Yacoub Ogul aurait pu lutter avec Serge Ladko lui-même pour la parfaite connaissance des passes, des chenals et des bancs de sable ; d’une main sûre, il dirigeait le chaland à travers les