qu’on dit de notre dernière affaire et de la disparition de Dragoch.
— Et si tu te fais pincer ? objecta Titcha.
— Pas de danger. Personne ne me connaît, et la police du fleuve doit être dans le marasme. Pour les autres, j’aurai, s’il le faut, une identité toute neuve.
— Laquelle ?
— Celle du célèbre Ilia Brusch, pêcheur insigne et lauréat de la Ligue Danubienne.
— Quelle idée !
— Excellente. J’ai le bateau d’Ilia Brusch. Je lui emprunterai sa peau, à l’exemple de Karl Dragoch.
— Et si l’on te demande du poisson ?
— J’en achèterai, s’il le faut, pour le revendre.
— Tu as réponse à tout.
— Parbleu ! »
La conversation prit fin sur ce mot. Le chaland avait commencé à suivre le fil du courant. Il soufflait une légère brise du Nord qui serait très favorable quand, un peu au-dessus de Visegrad, le Danube, revenant sur lui-même, suivrait la direction du Sud. Jusque-là, au contraire, cette brise du Nord retardait singulièrement le bateau, et Striga, pressé de s’éloigner du théâtre de ses exploits, donna l’ordre de border deux longs avirons qui aideraient à gagner contre le vent.
Il fallut trois heures pour parcourir dix kilomètres et atteindre le premier coude du fleuve, puis deux heures encore pour suivre