— Réponds toujours à ma question, insista Striga. Lui ressemblait-il ?
— Tu rêves, protesta Titcha. D’abord, le prisonnier n’avait pas de barbe, et Ladko en a.
— Ça se coupe, la barbe, fit observer Striga.
— Je ne dis pas non… Et puis, le prisonnier avait des lunettes.
Striga haussa les épaules.
— Était-il brun ou blond ? demanda-t-il.
— Brun, répondit Titcha avec conviction.
— Tu en es sûr ?
— Sûr.
— Ce n’est pas Ladko !… murmura de nouveau Striga. Ce serait donc Ilia Brusch…
— Quel Ilia Brusch ?
— Le pêcheur.
— Bah !… fit Titcha abasourdi. Mais alors, si le prisonnier n’était ni Ladko, ni Karl Dragoch, peu importe qu’il ait pris la clef des champs.
Striga, sans répondre, s’approcha à son tour de la fenêtre. Après avoir examiné les traces de sang, il se pencha au dehors et s’efforça vainement de percer les ténèbres.
— Depuis combien de temps est-il parti ?… se demandait-il à demi-voix.
— Pas plus de deux heures, dit Titcha.
— S’il court depuis deux heures, il doit être loin ! s’écria Striga, qui maîtrisait avec peine sa colère.
Après un instant de réflexion, il ajouta :
— Rien à faire pour le moment. La nuit