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LE PILOTE DU DANUBE.

était une femme, une jeune femme de vingt ans à peine, dont le visage exprimait la douceur et la bonté. Des deux hommes qui l’accompagnaient, l’un était évidemment son mari. Le langage et l’attitude du gardien permettaient de reconnaître dans l’autre le directeur même de la prison.

Il s’agissait évidemment d’une visite. À en juger par la déférence respectueuse qui leur était témoignée, les visiteurs étaient gens de marque, peut-être quelque couple princier en voyage, auprès duquel le directeur jouait le rôle de cicérone.

« L’occupant actuel de cette cellule, dit-il à ses hôtes, n’est autre que le fameux Ladko, chef de la bande du Danube, dont le nom a dû certainement parvenir jusqu’à vous. »

La jeune femme glissa un regard timide à l’adresse du célèbre malfaiteur. Il n’avait pas l’air bien terrible, ce célèbre malfaiteur. Jamais on ne se serait imaginé un chef de bandits d’une cruauté légendaire sous les traits de cet homme amaigri, émacié, à la figure hâve, dont les yeux exprimaient tant de détresse et de profond désespoir.

« Il est vrai qu’il s’entête à protester de son innocence, ajouta impartialement le directeur ; mais nous sommes habitués à cette chanson. »

Il fit ensuite remarquer aux visiteurs le bon ordre de la cellule et sa parfaite propreté. Dans la chaleur de son discours, il en franchit même le seuil, et alla s’adosser