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Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/285

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ENTRE CIEL ET TERRE.

S’inclinant du côté de la fenêtre, le fugitif replia son bras gauche comme un ressort prêt à se détendre, puis, abandonnant tout appui, il se repoussa violemment vers la droite.

Il tomba. Son épaule heurta la saillie du bandeau. Mais, grâce à l’élan qu’il s’était donné, ses mains étendues avaient enfin atteint le but. La première difficulté était vaincue. Restait à vaincre la seconde.

Serge Ladko se laissa glisser le long de la chaîne et s’arrêta sur l’un des crampons qui la fixaient à la muraille. Là, il fit une courte halte et s’accorda le temps de la réflexion.

Le sol était invisible dans la nuit, mais, d’en bas, arrivait jusqu’au fugitif le bruit d’un pas régulier. Un soldat montait évidemment la garde. À en juger par ce bruit croissant et décroissant tour à tour, la sentinelle, après avoir suivi la fraction du chemin de ronde longeant cette partie de la prison, tournait ensuite dans la prolongation de ce chemin qui passait devant une autre façade du bâtiment, puis revenait, pour recommencer sans interruption son va-et-vient. Serge Ladko calcula que l’absence du soldat durait de trois à quatre minutes. C’est donc dans ce délai que la distance le séparant de la muraille extérieure devait être franchie.

S’il devinait, au-dessous de lui, la crête de cette muraille dont la blancheur se découpait vaguement dans l’ombre, il ne