Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

334
LE PILOTE DU DANUBE.

— C’est bien moi, répondit le pilote.

— Ne me reconnaissez-vous pas ?

— Il faudrait donc être aveugle, répliqua Serge Ladko. Je vous reconnais parfaitement, Ivan Striga.

— Et vous me faites vos offres de service ?

— Pourquoi pas ? je suis pilote, déclara froidement Serge Ladko.

Striga balança un instant. Que celui qu’il haïssait le plus au monde vînt ainsi bénévolement se mettre à sa merci, c’était trop beau. Cela ne cachait-il pas un piège ?… Mais quel danger pouvait faire courir un homme seul à un équipage nombreux et résolu ? Qu’il conduisît le chaland jusqu’à la mer, puisqu’il avait la sottise de le proposer ! Une fois en mer, par exemple !…

— Embarque ! conclut le pirate, la bouche déformée par un rictus cruel que vit distinctement Serge Ladko.

Celui-ci ne se fit pas répéter l’invitation. Sa barge accosta le chaland, à bord duquel il monta. Striga s’avança au-devant de lui.

— Me permettrez-vous, dit-il, de vous exprimer ma surprise de vous rencontrer aux bouches du Danube ?

Le pilote garda le silence.

— On vous croyait mort, reprit Striga, depuis le temps que vous avez disparu de Roustchouk.

Cette insinuation n’obtint pas plus de succès que la précédente.