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LE PILOTE DU DANUBE.

dentes, mais l’enthousiasme public ne le lui permit pas. Dès qu’il apparut, plusieurs barques, d’où s’élevaient d’innombrables hoch !, se détachèrent de la rive et cernèrent le glorieux lauréat.

Celui-ci se rendit de bonne grâce. D’ailleurs n’avait-il pas à chercher preneur pour le poisson capturé au cours de sa pêche intermittente ? Barbeaux, brèmes, gardons, épinoches frétillaient encore dans son filet, sans compter plusieurs de ces mulets qui sont plus particulièrement désignés sous le nom de hottus. Évidemment il ne pouvait consommer tout cela à lui seul. Du reste, il n’en était pas question. Les amateurs étaient nombreux. Aussitôt que la barge fut arrêtée, une cinquantaine de Badois se pressèrent autour de lui, l’appelant, l’entourant, lui rendant les honneurs dus au lauréat de la Ligue Danubienne.

« Eh ! par ici, Brusch !

— Un verre de bonne bière, Brusch ?

— Nous achetons votre poisson, Brusch !

— Vingt kreutzers, celui-ci !

— Un florin, celui-là ! »

Le lauréat ne savait à qui répondre, et sa pêche eut vite fait de lui rapporter quelques jolies pièces sonnantes. Avec la prime déjà touchée au concours cela finirait par former une belle somme, si l’enthousiasme se propageait également des sources du grand fleuve à son embouchure.

Et pourquoi eût-il pris fin ? Pourquoi cesserait-on de se disputer les poissons