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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Invariablement, il me disait :

« Tu ne sais rien de nouveau, Henri ?

— Rien, mon cher Marc, » répondais-je non moins invariablement, et c’était la pure vérité.

Un jour, il crut devoir ajouter :

« Si tu savais quelque chose, si, en ville, ou par M. Stepark, tu entendais parler…

— Je t’avertirais, Marc.

— Je t’en voudrais de me cacher quoi que ce soit.

— Je ne te cacherai rien, sois tranquille. Mais je t’assure qu’on ne s’occupe plus de cette affaire. Jamais la ville n’a été plus calme. Les uns vont à leurs affaires, les autres à leurs plaisirs, et les cours du marché se maintiennent en grande hausse..

— Tu plaisantes, Henri…

— C’est pour te prouver que je n’ai plus aucune appréhension.

— Et pourtant, dit Marc dont le visage s’assombrit, si cet homme…

— Bah ! il n’est pas si bête. Il se doute bien qu’il serait arrêté s’il mettait le pied sur le territoire austro-hongrois, et il y a en Allemagne nombre de foires ou il aura l’occasion d’exercer ses talents de bateleur.

— Ainsi, cette puissance dont il parle…

— C’est bon pour les enfants, cela !

— Tu n’y crois pas ?

— Pas plus que tu n’y crois toi-même. Donc, mon cher Marc, borne-toi à compter les heures, à compter les minutes qui te séparent du grand jour… Tu n’as rien de mieux à faire, sinon recommencer le calcul quand il est fini.

— Ah ! mon ami !… s’écria Marc tristement.

— Tu n’es pas raisonnable, Marc. Myra l’est plus que toi.

— C’est qu’elle ne sait pas ce que je sais.

— Ce que tu sais ?… Parbleu, tu sais que le personnage en question n’est plus à Ragz, qu’il ne peut y revenir, que nous ne