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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Oui, répondit mon frère.

— Myra Roderich, consentez-vous à prendre Marc Vidal pour époux ?

— Oui, dit Myra dans un souffle.

Avant de prononcer les paroles sacramentelles, l’archiprêtre reçut les alliances que lui donna mon frère et les bénit. Puis il se disposa à passer l’une d’elles au doigt de la jeune épouse…

À ce moment, un cri retentit, un cri d’angoisse et d’horreur.

Et voici ce que je vis, ce que mille personnes virent comme moi :

Le diacre et le sous-diacre reculant en chancelant, comme repoussés par une force supérieure ; l’archiprêtre, la bouche tremblante, les traits décomposés, le regard effaré, paraissant lutter contre un fantôme invisible, et finalement s’écroulant à genoux…

Puis, immédiatement après, car les événements se déroulèrent avec la rapidité de la foudre et personne n’eut le temps d’intervenir ni même de comprendre, ce furent mon frère et Myra qui tombèrent sur les dalles, à demi renversés…

Puis ce furent les alliances qui volèrent à travers la nef et dont l’une m’atteignit violemment au visage…

Et, à ce moment, voici ce que j’entendis. Mille personnes entendirent, comme moi, ces paroles prononcées, d’une voix terrible, la voix que nous connaissions bien, la voix de Wilhelm Storitz :

« Malheur sur les époux… malheur !… »

À cette malédiction qui semblait venir de l’au delà, un souffle d’épouvante passa sur la foule. De toutes les poitrines, une sourde clameur jaillit, et Myra, qui se redressait, poussant un cri déchirant, retomba évanouie entre les bras de Marc terrifié.