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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Tu es certain que nous pouvons l’habiter au vu et au su de tous, que nous ne sommes pas connus à…

Le nom de la ville qu’allait prononcer Wilhelm Storitz, à notre grande déception, il nous fut impossible de le distinguer. Mais, des mots entendus, il résultait ceci, que notre adversaire comptait reprendre l’apparence humaine dans un délai plus ou moins long. Pourquoi commettait-il celle imprudence ? Je supposai que son invisibilité ne pouvait être maintenue au delà d’un certain temps sans devenir préjudiciable à sa santé. Je donne pour ce qu’elle vaut cette explication qui, me paraît plausible, mais que je n’eus jamais l’occasion de vérifier.

Lorsque les voix se rapprochèrent, Hermann disait, achevant une phrase commencée :

— La police de Ragz ne nous découvrira pas sous ces noms-là.

La police de Ragz ?… C’était donc dans une ville hongroise qu’ils allaient encore habiter ?

Puis le bruit des pas diminua, et ils s’éloignèrent, ce qui permit à M. Stepark de me dire :

— Quelle ville ?… quels noms ?… Voilà ce qu’il faudrait apprendre. Avant que je n’eusse eu le temps de répondre, les deux causeurs se rapprochèrent et firent halte à quelques pas de nous.

— Ce voyage de Spremberg, interrogeait Hermann, est-il donc absolument nécessaire ?

— Absolument, puisque c’est là que mes fonds sont déposés. Ici, d’ailleurs, je ne me montrerais pas impunément. Tandis que là-bas.

— Auriez-vous l’intention de vous y laisser voir en chair et en os ?

— Le moyen de l’éviter ?… Personne ne payerait, j’imagine, sans voir le preneur.

Ainsi donc, ce que j’avais prévu se réalisait. Storitz était