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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Je cours à la Maison de Ville. Venez avec moi, » dis-je au capitaine Haralan.

La berline attendait toujours. Nous y prîmes place. Dès que la grande porte nous eut livré passage, la voiture partit au galop de son attelage et en quelques minutes arriva sur la place Kurszt.

M. Stepark était encore dans son cabinet. Je le mis au courant. Cet homme habitué à ne s’étonner de rien ne put dissimuler sa stupéfaction.

« Mlle Roderich disparue !… s’écria-t-il.

— Oui, répondis-je. Cela paraît impossible, et cela est ! En fuite ou enlevée, elle n’est plus là !

— Il y a du Storitz là-dessous, murmura M. Stepark.

L’opinion du chef de police était la même que celle d’Haralan. Après un instant de silence, il ajouta.

— C’est sans doute le coup de maître dont il parlait à son âme damnée…

M. Stepark avait raison. Oui, Wilhelm Storitz nous avait prévenus, en quelque sorte, du mal qu’il se proposait de nous faire. Et nous, insensés, nous n’avions pris aucune mesure pour nous défendre.

— Messieurs, dit M. Stepark, voulez-vous m’accompagner à l’hôtel ?

— À l’instant, répondis-je.

— Je suis à vous, Messieurs… Le temps de donner quelques ordres. »

M. Stepark fit appeler un brigadier et lui commanda de diriger sur l’hôtel Roderich une escouade de police, qui devrait y demeurer en surveillance toute la nuit. Il eut ensuite avec le sous-directeur de la police un long conciliabule à voix basse, puis la berline nous ramena tous trois chez le docteur.

L’hôtel fut en vain visité une seconde fois. Mais une observation fut faite par M. Stepark, dès son entrée dans la chambre de Myra.