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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Je restai encore quelques semaines à Ragz, après le mariage, vivant à l’hôtel Roderich dans la plus complète intimité de cette famille si éprouvée, et je ne voyais pas s’approcher sans regret le jour où il faudrait partir. Cependant, il n’est pas de vacances si longues qu’elles ne s’achèvent, et il me fallut enfin regagner Paris.

J’y fus repris par mon métier, plus absorbant qu’un vain peuple ne pense. Toutefois, trop singuliers étaient les événements auxquels j’avais été mêlé, pour que mes préoccupations pussent me les faire oublier. J’y pensais donc sans cesse, et pas un jour ne s’écoula sans que mon souvenir ne s’envolât vers Ragz, près de mon frère et de sa femme, ensemble, présente et lointaine.

Dans le début du mois de janvier suivant, j’évoquais pour la centième fois la scène terrible dont la mort de Wilhelm Storitz avait été le dénouement, quand une idée me vint tout à coup, si simple, si évidente, en vérité, que je m’étonnais de ne pas l’avoir eue plus tôt. Dût mon aveuglement faire tenir en piètre estime mes facultés de logicien, je n’avais jamais songé à rapprocher l’une de l’autre les circonstances de ce drame. Ce jour-là, cette conclusion s’imposa à mon esprit que, si le corps de notre ennemi vaincu avait perdu le pouvoir d’invisibilité qu’il possédait vivant, l’abondante hémorragie consécutive au coup de sabre d’Haralan devait en être l’unique cause. Ce fut un éblouissement. Il m’apparut aussitôt avec certitude que la mystérieuse substance était tenue en suspension dans le sang et qu’elle s’était répandue avec lui.

Cette hypothèse admise, la conséquence s’en déduisait d’elle-même. Ce que le coup du sabre d’Haralan avait fait, le bistouri du chirurgien pouvait le faire. Ce n’était là, en somme, qu’une opération des plus bénignes, qu’il était aisé d’exécuter graduellement, et qu’on pourrait répéter autant qu’il serait nécessaire. Le sang que Myra aurait perdu, elle le remplacerait par du sang