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LE SECRET DE WILHELM STORITZ

Nous fîmes une halte de quelques minutes sur le pont, admirant le grand fleuve qui, par cette nuit pure, reflétait par milliers les astres du ciel, pareils à des poissons aux écailles lumineuses. Je profitai de cette halte pour inspecter le quai d’où nous venions. À quelque distance, j’aperçus un homme de taille moyenne, et, si j’en jugeai par sa démarche pesante, d’un certain âge.

Du reste, je cessai bientôt d’y penser. Pressé de questions par Marc, je dus lui donner des renseignements sur mes propres affaires, des nouvelles de nos amis communs, du monde artiste avec lequel j’avais de fréquents rapports. Nous parlâmes beaucoup de Paris, où il retournerait se fixer après son mariage. Myra, paraît-il, se faisait une joie de revoir ce Paris qu’elle connaissait déjà, et de le revoir au bras d’un époux.

J’informai Marc que j’avais apporté tous les papiers que me réclamait sa dernière lettre. Il pouvait être tranquille, rien ne lui manquerait des passeports exigés pour le grand voyage matrimonial.

En somme, la conversation revenait sans cesse vers cette étoile de première grandeur, l’étincelante Myra, comme l’aiguille aimantée vers la Polaire. Marc ne se lassait pas de me parler d’elle, et je ne me lassais pas de l’entendre. Depuis si longtemps qu’il voulait me dire toutes ces choses !… Cependant, c’était à moi d’être raisonnable, ou bien notre causerie eût duré jusqu’au jour.

Nous reprîmes donc le chemin de l’hôtel. En y arrivant, je jetai un dernier coup d’œil en arrière. Le quai était désert. En admettant qu’il eût jamais existé autrement que dans mon imagination, le suiveur avait disparu.

À dix heures et demie, Marc et moi nous étions dans nos chambres à l’hôtel Temesvar. Je me mis au lit et commençai incontinent à m’endormir…

Je me redressai tout à coup d’une secousse. Rêve ?… Cauche-