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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Il me l’avait décrit pièce par pièce, y compris son original escalier surmonté d’un belvédère et d’une terrasse circulaire d’où l’on domine la ville et le cours du Danube. Je savais même de la façon la plus précise quelle était la place préférée de Mlle Myra à table ou dans le grand salon, et sur quel banc elle aimait à s’asseoir au fond du jardin, à l’ombre d’un marronnier superbe.

Vers une heure de l’après-midi, nous fûmes reçus, Marc et moi, dans la vaste galerie vitrée, construite en avant du principal corps de bâtiment. Au milieu, une jardinière en cuivre ouvragé, où s’épanouissaient dans tout leur éclat des fleurs de printemps. Pour garnir les angles, quelques arbrisseaux de la zone tropicale : palmiers, dracenas et araucarias. Aux panneaux, plusieurs toiles des écoles hongroise et hollandaise, dont Marc appréciait la grande valeur.

Sur un chevalet, je vis et j’admirai le portrait de Mlle Myra, œuvre d’une facture superbe, digne du nom qui la signait, et qui m’est le plus cher au monde.

Le docteur Roderich atteignait la cinquantaine, mais c’est à peine si on lui eût donné cet âge. Il avait la taille haute, le corps droit, la chevelure épaisse et grisonnante, le teint de la bonne et inaltérable santé, la constitution vigoureuse sur laquelle aucune maladie n’a prise. On reconnaissait en lui le véritable type magyar dans son originale pureté, l’œil ardent, la démarche résolue, l’attitude noble, et en toute sa personne une sorte de fierté naturelle que tempérait l’expression souriante de son visage. Dès que je lui fus présenté, je sentis à la chaude étreinte de sa main que j’étais en présence du meilleur des hommes.

Mme Roderich, à quarante-cinq ans, avait conservé de notables restes de sa grande beauté d’autrefois, des traits réguliers, des yeux d’un bleu sombre, une magnifique chevelure qui commençait à blanchir, une bouche finement dessinée laissant voir une denture intacte, une taille encore élégante.