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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

rien moins qu’exacte en ce qui concerne Ragz. Sans doute, vous rencontrerez dans la classe marchande des individus de race germanique, mais ils y sont en infime minorité.

— Je le savais, comme je savais aussi que les Ragziens sont très fiers de leur cité pure de tout mélange.

— D’ailleurs, les Magyars, — ne pas les confondre avec les Huns, ainsi qu’on l’a fait parfois — ajouta le capitaine Haralan, forment la plus forte cohésion politique, et, à ce point de vue, la Hongrie est supérieure à l’Autriche.

— Et les Slaves ? demandai-je.

— Les Slaves, moins nombreux que les Magyars, mon cher Vidal, le sont encore plus que les Allemands.

— Enfin, ceux-ci, dans le royaume hongrois, comment sont-ils considérés ?

— Assez mal, je l’avoue, surtout de la population magyare, car il est manifeste que les gens d’origine teutonne vivent parmi nous comme exilés de leur véritable patrie. »

Le capitaine Haralan me parut ne pas éprouver une plus grande affection pour les Autrichiens. Quant aux Allemands, c’est de longue date qu’il y a antipathie de race entre eux et les Magyars, Cette antipathie se traduit sous mille formes, et il n’est pas jusqu’aux dictons qui ne l’expriment d’une façon parfois fort brutale :

« Eb a német Kutya nélkül », dit l’un de ces dictons.

Ce qui signifie en bon français :

« Partout où il y a un Allemand, il y a un chien ».

La part faite de l’exagération que contiennent certains proverbes, celui-ci témoigne tout au moins du peu d’entente entre les deux races.

La ville de Ragz est assez régulièrement construite, sauf en sa partie basse, au bord du fleuve. Les hauts quartiers affectent même une rectitude presque géométrale.

Par le quai, et la rue Étienne Ier, le capitaine Haralan me