— Volontiers, monsieur Glass. Partie de Tristan d’Acunha, la Jane fit voile vers le gisement des îles Auroras et autres, que William Guy espérait reconnaître d’après les renseignements…
— Qui venaient de moi-même, monsieur Jeorling ! répliqua l’ex-caporal. Eh bien… ces autres îles… puis-je savoir si la Jane les a découvertes ?…
— Non, pas plus que les Auroras, bien que William Guy fût resté pendant plusieurs semaines sur ces parages, courant de l’est à l’ouest, et ayant toujours une vigie en tête de mât…
— Il faut donc que ce gisement lui ait échappé, monsieur Jeorling, car, à en croire plusieurs baleiniers qui ne peuvent être suspects, ces îles existent, et il était même question de leur donner mon nom…
— Ce qui eût été justice, répondis-je avec politesse…
— Et si on n’arrive pas à les découvrir un jour, ce sera vraiment fâcheux, ajouta le gouverneur d’un ton qui dénotait une bonne dose de vanité.
— C’est alors, repris-je, que le capitaine William Guy voulut réaliser un projet mûri depuis longtemps déjà, et auquel le poussait un certain passager qui se trouvait à bord de la Jane…
— Arthur Gordon Pym, s’écria Glass, et son compagnon un certain Dirk Peters… qui avaient été tous deux recueillis en mer par la goélette…
— Vous les avez connus, monsieur Glass ?… demandai-je vivement.
— Si je les ai connus, monsieur Jeorling !… Oh ! c’était un personnage singulier, cet Arthur Pym, toujours avide de se lancer dans les aventures, — un audacieux Américain… capable de partir pour la Lune !… Il n’y serait point allé, par hasard ?…
— Non, monsieur Glass, mais, pendant son voyage, la goélette de William Guy, paraît-il, a franchi le cercle polaire, elle a dépassé la banquise, elle s’est avancée plus loin que ne l’avait fait aucun navire avant elle…