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l’île tsalal.

eût été fait d’une poussière de laves, et que, nulle part, on ne voyait rien « qui fût blanc ».

À cent pas de là, Hunt se mit à courir vers une énorme masse rocheuse. Dès qu’il l’eut atteinte, il la gravit avec l’agilité d’un isard, il se dressa au sommet, et promena ses regards sur un espace de plusieurs milles.

Hunt semblait être dans l’attitude d’un homme « qui ne s’y reconnaissait pas » !

« Qu’a-t-il donc ?… me demanda le capitaine Len Guy, après l’avoir observé avec attention.

— Ce qu’il a, répliquai-je, je ne sais, capitaine. Mais, vous ne l’ignorez pas, tout est bizarre en cet homme, tout est inexplicable dans ses manières, et, par certains côtés, il mériterait de figurer parmi les êtres nouveaux qu’Arthur Pym prétend avoir rencontrés sur cette île !… On dirait même que…

— Que ?… » répéta le capitaine Len Guy.

Et alors, sans terminer ma phrase, je m’écriai :

« Capitaine, êtes-vous certain d’avoir fait une bonne observation, quand vous avez pris hauteur hier ?…

— Assurément.

— Ainsi votre point ?…

— M’a donné 83° 20′ de latitude et 43° 5′ de longitude…

— Exactement ?…

— Exactement.

— Il n’y a donc pas à mettre en doute que cette île soit l’île Tsalal ?…

— Non, monsieur Jeorling, si l’île Tsalal est bien au gisement indiqué par Arthur Pym. »

Effectivement, il ne pouvait naître aucun doute à ce sujet. Il est vrai, si Arthur Pym ne s’était pas trompé sur ce gisement exprimé en degrés et en minutes, que devait-on penser de la fidélité de son récit, concernant la région que traversa notre petite troupe sous la direction de Hunt. Il parle d’étrangetés qui ne lui étaient point fa-