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et pym ?…

« Est-ce que tu ne sais pas qu’Arthur Pym est mort ?… dit le capitaine Len Guy.

— Mort !… répartit Hunt, en soulignant ce mot d’un geste expressif. Non !… écoutez-moi… je connais les choses… comprenez-moi… Il n’est pas mort…

— Voyons, Hunt, repris-je… rappelez-vous… au dernier chapitre des aventure d’Arthur Pym, Edgar Poe ne raconte-t-il pas que sa fin a été soudaine et déplorable ?… »

Il est vrai, de quelle façon s’était terminée cette vie si extraordinaire, le poète américain ne l’indiquait pas, et, j’y insiste, cela m’avait toujours semblé assez suspect ! Le secret de cette mort allait-il donc m’être enfin révélé, puisque, à en croire Hunt, Arthur Pym ne serait jamais revenu des régions polaires ?…

« Explique-toi, Hunt, ordonna le capitaine Len Guy, qui partageait ma surprise. Réfléchis… prends ton temps… et dis bien ce que tu as à dire ! »

Et, tandis que Hunt passait sa main sur son front comme pour y recueillir de lointains souvenirs, je fis cette observation au capitaine Len Guy…

« Il y a quelque chose de singulier dans l’intervention de cet homme, et s’il n’est pas fou… »

À ces mots, le bosseman secoua la tête, car, pour lui, Hunt ne jouissait pas de son bon sens.

Celui-ci le comprit, et, d’une voix dure :

« Non… pas fou… s’écria-t-il. Les fous là-bas… dans la Prairie… on les respecte, si on ne les croit pas !… Et moi… il faut me croire !… Non !… Pym n’est pas mort !…

— Edgar Poe l’affirme, répondis-je.

— Oui… je sais… Edgar Poe… de Baltimore… Mais… il n’a jamais vu le pauvre Pym… jamais…

— Comment ! s’écria le capitaine Len Guy, ces deux hommes ne se connaissaient pas ?…

— Non !