L’explication la plus simple était que sa nouvelle base avait rencontré le seuil sous-marin, auquel elle adhérait maintenant, et cette adhérence ne cesserait que si sa partie immergée se relevait, au risque de provoquer une seconde culbute.
En somme, c’était une grave complication, car les dangers d’une immobilisation définitive en ces parages eussent été tels que mieux valaient les hasards de la dérive. Au moins, avait-on l’espoir de rencontrer un continent, une île, ou, même, si les courants ne se modifiaient pas, si la mer restait libre, de franchir les limites de la région australe !…
Voilà donc où nous en étions après trois mois de cette terrible campagne ! De William Guy, de ses compagnons de la Jane, d’Arthur Pym, pouvait-il être encore question ?… N’était-ce pas pour notre salut que devaient être employés les moyens dont nous pouvions disposer ?… Et faudrait-il s’étonner, si les matelots de l’Halbrane se révoltaient enfin, s’ils obéissaient aux suggestions de Hearne, s’ils rendaient leurs chefs, — moi surtout — responsables des désastres d’une pareille expédition ?…
Et alors qu’arriverait-il, puisque, malgré la perte de quatre des leurs, les camarades du sealing-master avaient conservé leur supériorité numérique…
C’était — je le vis clairement — à cela que pensaient le capitaine Len Guy et Jem West.
En effet, si les recrues des Falklands ne formaient plus qu’un total de quinze hommes contre nous treize, — en comprenant le métis, — n’était-il pas à craindre que quelques-uns de ceux-ci fussent bien près de se ranger du côté de Hearne ? Poussés par le désespoir, qui sait si ces camarades ne songeaient pas à s’emparer de l’unique embarcation que nous possédions désormais, à reprendre la route du nord, à nous abandonner sur cet ice-berg ?… Il importait donc que notre canot fût mis en sûreté et surveillé à toute heure.
Au surplus, un notable changement s’était produit chez le capitaine Len Guy depuis ces derniers incidents. Il semblait s’être