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Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/459

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onze ans en quelques pages.

Pendant deux mois et demi, les malheureux allèrent ainsi à travers la mer libre, sans parvenir à modifier leur direction. Ce fut seulement le 2 janvier de la présente année 1840, qu’ils aperçurent une terre, — celle précisément que baignait à l’est le Jane-Sund.

Or, ce que nous avions reconnu déjà, c’est que cette terre n’était pas éloignée de cinquante milles d’Halbrane-Land. Oui ! telle était la distance, relativement faible, qui nous séparait de ceux que nous avions cherchés si loin à travers les régions antarctiques, et que nous n’espérions plus revoir !

C’était beaucoup plus dans le sud-est, par rapport à nous, que l’embarcation de William Guy avait atterri. Mais, là, quelle différence avec l’île Tsalal, ou, plutôt, quelle ressemblance avec l’Halbrane-Land ! Un sol impropre à la culture, rien que du sable et des roches, ni arbres, ni arbustes, ni plantes d’aucune sorte ! Aussi, leurs provisions presque épuisées, William Guy et ses compagnons furent-ils bientôt réduits à l’extrême misère, et deux succombèrent, Forbes et Lexton…

Les quatre autres, William Guy, Roberts, Covin et Trinkle ne voulurent pas demeurer un jour de plus sur cette côte où ils étaient condamnés à mourir de faim. Avec le peu de vivres qui leur restait, ils s’embarquèrent dans le canot, et se livrèrent une seconde fois au courant, sans avoir été à même, faute d’instruments, de relever leur position.

Or, comme ils naviguèrent vingt-cinq jours dans ces conditions, leurs ressources s’épuisèrent, et ils étaient à la veille de succomber, n’ayant pas mangé depuis quarante-huit heures, lorsque l’embarcation, au fond de laquelle ils gisaient inanimés, parut en vue d’Halbrane-Land.

C’est à cet instant que le bosseman l’aperçut, et Dirk Peters s’était jeté à la mer, pour la rejoindre, et avait manœuvré de manière à la ramener vers le rivage.

Au moment où il mettait le pied dans le canot, le métis avait reconnu le capitaine de la Jane et les matelots Roberts, Trinkle,