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Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/85

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le roman d’edgar poe

settes qui pendaient en grappes à des coudriers rabougris. Cela fait, il allait revenir sur ses pas, quand il s’aperçut que le métis et Allen l’avaient accompagné. Tous trois se disposaient à regagner l’entrée de la fissure, lorsqu’une soudaine et violente secousse les renversa. Au même moment, les masses savonneuses de la colline s’effondrèrent, et la pensée leur vint qu’ils allaient être enterrés vivants…

Vivants… tous trois ?… Non ! Allen avait été si profondément enseveli sous les décombres qu’il ne respirait plus.

En se traînant sur les genoux, en s’ouvrant un chemin au couteau, en maniant leur bowie-knife, Arthur Pym et Dirk Peters parvinrent à atteindre certaines saillies d’argile schisteuse un peu plus résistante, puis une plate-forme naturelle à l’extrémité d’une ravine boisée, au-dessus de laquelle plafonnait une tranche de ciel bleu.

De là, leurs regards purent embrasser toute la contrée environnante.

Un éboulement venait de se produire, — éboulement artificiel, oui ! artificiel, qui avait été provoqué par ces indigènes. Le capitaine William Guy et ses vingt-huit compagnons, écrasés sous plus d’un million de tonnes de terre et de pierre, avaient disparu.

Le pays fourmillait d’insulaires, venus des îles voisines, sans doute, et attirés par le désir de piller la Jane. Soixante-dix bateaux à balanciers se dirigeaient alors vers la goélette. Les six hommes restés à bord leur envoyèrent une première bordée mal ajustée, puis une seconde bordée de mitraille et de boulets ramés, dont l’effet fut terrible.

Néanmoins, la Jane ayant été envahie, puis livrée aux flammes, ses défenseurs furent massacrés. Enfin se produisit une formidable explosion, lorsque les poudres prirent feu, — explosion qui détruisit un millier d’indigènes et en mutila autant, tandis que les autres s’enfuyaient, poussant le cri de tékéli-li !… tékéli-li !

Pendant la semaine suivante, Arthur Pym et Dirk Peters, vivant de noisettes, de chair de butors, de cochléarias, échappèrent aux naturels qui ne soupçonnaient pas leur présence. Ils se trouvaient au fond d’une sorte d’abîme noir, sans issue, creusé dans la stéatite