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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/103

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ENTRE BUENA VISTA ET LA URBANA.

des colliers de verroterie aux bras et aux jambes ; à gauche, l’enfant enveloppée du pagne et grimaçant comme un joyeux petit singe.

« Et savez-vous ce que sont devenus ces deux Français ?… demanda M. Miguel à l’Indien.

— Je sais qu’ils ont traversé le fleuve pour gagner la Urbana, où ils ont laissé leur pirogue, et qu’ils ont pris à travers les llanos du côté du soleil.

— Étaient-ils seuls ?…

— Non… ils avaient emmené un guide et trois Indiens Mapoyos.

— Et, depuis leur départ, vous n’en avez plus entendu parler ?…

— On est sans nouvelles. »

Qu’étaient devenus ces deux voyageurs, MM. Jacques Helloch et Germain Paterne ?… N’y avait-il pas lieu de craindre qu’ils eussent péri dans cette expédition à l’est de l’Orénoque ?… Les Indiens les avaient-ils trahis ?… Leur existence était-elle menacée au milieu de ces régions peu connues ?… Jean n’ignorait pas que M. Chaffanjon avait couru les plus grands dangers de la part des gens de son escorte, alors qu’il opérait une reconnaissance sur le Caura, qu’il n’avait sauvé sa vie qu’en abattant d’une balle le guide qui le trahissait… Et le jeune garçon se sentait profondément ému à la pensée que ses deux compatriotes avaient peut-être trouvé la mort, comme tant d’autres explorateurs de cette partie du Sud-Amérique…

Un peu après minuit, l’orage commença à décroître. À la suite d’une pluie diluvienne, le ciel se rasséréna. Quelques étoiles apparurent tout humides, semblaient-elles, comme si les averses eussent inondé les extrêmes limites du firmament. Le météore prit fin presque subitement, — phénomène fréquemment observé en ces contrées, lorsque l’atmosphère a été troublée par les décharges électriques.

« Du beau temps pour demain », fit observer l’Indien, au moment où ses hôtes se retiraient.