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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

rio Caripo, vinrent prendre leur poste de nuit à l’embouchure du rio Sinaruco.

À peu de distance gisait l’île Macupina, couverte de massifs d’arbres étroitement serrés et qui présente un sous-bois presque impénétrable. Il se compose en partie de nombreux palmas llaneras, sorte de palmiers, dont les feuilles déploient quatre à cinq mètres de longueur. Ces feuilles servent à fabriquer la toiture des paillotes indiennes, lorsque les indigènes n’ont besoin que d’un abri temporaire à l’époque de la pêche.

Il y avait là, précisément, quelques familles de Mapoyos, avec lesquels M. Miguel et Jacques Helloch prirent contact. Alors, dès que les pirogues eurent accosté, ils débarquèrent, afin de se mettre en chasse, et non sans succès, — du moins l’espéraient-ils.

Au premier abord, suivant l’habitude du pays, les femmes s’enfuirent à l’approche de ces étrangers, et ne reparurent qu’après avoir revêtu la longue chemise qui les couvre d’une façon à peu près décente. Elles ne portaient, quelques instants avant, que le guayuco, comme les hommes, et n’avaient pour tout voile que leur longue chevelure. Ces Indiens méritent d’être remarqués entre ces diverses peuplades qui forment la population indigène du Venezuela central. Robustes, bien musclés, bien bâtis, ils donnent l’idée de la force et de la santé.

Les chasseurs, grâce à leur concours, purent pénétrer à travers l’épaisse forêt, qui se masse à l’embouchure du Sinaruco.

Deux coups de fusils mirent à terre deux pécaris de grande taille, sans parler de ceux qui au cours de cette chasse furent adressés à une bande de capucins, — singes dignes sans doute de cette désignation congréganiste, mais dont aucun ne put être atteint.

« On ne dira pas de ceux-là, fit observer Jacques Helloch, qu’ils tombent comme des capucins de cartes !

— Il est, en effet, difficile d’approcher ces quadrumanes, répondit M. Miguel, et pour mon compte, ce que j’ai perdu de poudre et de plomb !… Jamais je n’en ai touché un seul…