conduite de qui ?… De ce vieux brave, un excellent cœur, j’en conviens, mais qui ne me paraît pas être le guide qu’il faut à son neveu, si les circonstances deviennent graves…
— Est-ce bien son oncle ?… interrompit Germain Paterne. Cela me paraît au moins douteux !…
— Que le sergent Martial soit ou non l’oncle de Jean de Kermor, reprit Jacques Helloch, peu importerait, à la condition que ce soldat fût encore un homme dans la force de l’âge, ayant l’habitude de ces périlleuses expéditions !… Aussi je me demande toujours comment il a pu consentir…
— Consentir… tu dis bien, Jacques, insista Germain Paterne en secouant les cendres de sa pipe. Oui, consentir, car c’est à n’en pas douter, notre jeune garçon qui a eu l’idée de ce voyage… C’est lui qui a entraîné son oncle… Non… décidément, ce grognard n’est pas son oncle, car il me semble bien me rappeler que le colonel de Kermor n’avait plus de famille, lorsqu’il a quitté Nantes…
— Pour aller où ?…
— C’est ce qu’on n’a jamais pu savoir.
— Cependant, ce que son fils nous a dit avoir appris par la dernière lettre écrite de San-Fernando… En vérité, si c’est sur d’aussi vagues renseignements qu’ils sont partis…
— Ils espèrent en obtenir de plus complets à San-Fernando, Jacques, où il est certain que le colonel de Kermor a séjourné, il y a treize ou quatorze ans…
— En effet, Germain, et c’est bien ce qui m’inquiète ! Que ce jeune garçon recueille de nouvelles informations à San-Fernando, qui sait s’il ne voudra pas aller plus loin… très loin… soit en Colombie, à travers ces territoires de l’Atabapo ou du Guaviare, soit aux sources de l’Orénoque !… Or, cette tentative le conduirait à une perte presque certaine… »
À cet instant, Germain Paterne, interrompant son compagnon, dit à mi-voix :
« N’entends-tu rien, Jacques… ? »