— Et, dans quelques jours, cela ira tout à fait bien ! » ajouta Jacques Helloch.
Puis, lorsqu’ils eurent regagné leur pirogue, qui naviguait bord à bord avec la Gallinetta :
« Il ne manquait plus que cela !… grommela le sergent Martial. Les voilà ici à demeure… ces deux Français…
— Que veux-tu, mon oncle… répondit Jean en le calmant. Il ne fallait pas te faire blesser…
— Non, pardieu, il ne le fallait pas, et tout ça… c’est ma faute… à moi… un conscrit de huit jours… un propre à rien… qui ne sais seulement plus monter la garde !… »
À l’heure où le crépuscule obscurcissait les rives du fleuve, les pirogues atteignirent la barrière de Vivoral, où elles devaient s’abriter pendant la nuit. Déjà se faisaient entendre les rumeurs confuses et lointaines des raudals d’Atures.
Comme on pouvait redouter encore quelque attaque des Quivas, les plus sévères précautions furent prises. Le patron Valdez ne laissa pas ses hommes s’endormir sans avoir désigné ceux qui devraient veiller durant les premières heures. Mêmes mesures ordonnées à bord des deux autres falcas par Martos et Parchal. En outre, les armes, carabines, revolvers, furent mises en état, leurs charges renouvelées.
Aucune alerte ne troubla cette relâche, et le sergent Martial put dormir tout d’une traite. Au pansement du matin, Germain Paterne constata que la blessure était en voie de guérison. Encore quelques jours, elle serait cicatrisée. Les conséquences du terrible curare n’étaient plus à craindre.
Le temps restait pur, la brise fraîche et favorable. Au loin se profilaient ces montagnes des deux rives entre lesquelles se resserrent les raudals d’Atures.
En cet endroit, l’île Vivoral divise le fleuve en deux branches dont les eaux forment de furieux rapides. D’ordinaire, à l’époque où l’étiage est en décroissance, les roches du lit découvrent, et il est