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RELÂCHE AU VILLAGE D’ATURES.

— Non… il n’a pas cette idée, répondit M. Varinas.

— Et l’on viendra prétendre que les singes sont remplis d’intelligence et de malice…

— Sans doute, mais leur gourmandise l’emporte sur leur intelligence, dit M. Felipe.

— Les fichues bêtes ! »

Assurément, les quadrumanes qui se laissent prendre à ce piège méritent la qualification susdite. Et pourtant, le moyen indiqué par M. Varinas est souvent employé avec succès dans les forêts de l’Orénoque.

Cependant il convenait d’occuper les quelques jours de cette halte au village d’Atures, en attendant l’arrivée des pirogues. Le jeune garçon put même raconter que, six ans avant, son compatriote y était resté onze jours, — laps de temps qui avait été nécessaire à sa falca pour franchir le raudal d’Atures. Cette fois, les eaux étant hautes, peut-être faudrait-il moins de temps aux pirogues parties le matin même de Puerto-Real.

Dans tous les cas, durant leur séjour, Jean de Kermor et le sergent Martial n’accompagnèrent point les trois Vénézuéliens et les deux Français qui allèrent battre la plaine aux environs du village. Les chasseurs ne rencontrèrent aucun fauve, ou du moins ceux qu’ils aperçurent ne cherchèrent pas à les attaquer. Un tapir seulement fut blessé par une balle de Jacques Helloch, et put s’éloigner sans en attendre une seconde, qui l’aurait sans doute étendu sur le sol.

En revanche, les chasseurs eurent l’occasion de tuer ce qu’ils voulaient de pécaris, de cerfs, de cabiais, pour le renouvellement de leurs provisions. Ce qui ne fut pas consommé, on le fit sécher ou boucaner, suivant la mode indienne, de manière à se réserver une quantité de viande suffisante au reste du voyage.

Entre-temps, MM. Miguel, Varinas et Felipe, Jacques Helloch et Germain Paterne poussèrent leurs excursions jusqu’aux célèbres grottes situées sur le territoire d’Atures, à Punta Cerro, puis à l’île