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RESPECT AU TAPIR.

Bref, après avoir voleté et piaillé à l’intérieur, l’oiseau s’était envolé dans la forêt, et l’on pouvait en toute sécurité habiter la paillote. Aussi le capitan ne se fit-il point scrupule d’y introduire les étrangers, et ceux-ci n’eurent pas à craindre d’être hantés par le mauvais esprit.

Lorsque les visiteurs sortirent de la case du capitan Caribal, ils trouvèrent la population d’Augustino plus nombreuse, on peut même dire au complet. Les femmes, les enfants, rassurés maintenant et rappelés par leurs pères, leurs frères, leurs maris, avaient réintégré le village. Ils allaient d’une paillote à l’autre, déambulaient sous les arbres, gagnaient la grève du côté de l’endroit où s’amarraient les falcas.

Germain Paterne put observer que les femmes, aux traits réguliers, de petite taille, bien faites, étaient, en réalité, d’un type inférieur à celui des hommes.

Tous ces Piaroas procédèrent alors aux échanges communément effectués entre les Indiens et les voyageurs, touristes ou négociants, qui remontent ou descendent l’Orénoque. Ils offrirent des légumes frais, des cannes à sucre, quelques-uns de ces régimes de bananes, qui sont désignées sous le nom de platanos, lesquelles, séchées et conservées, assurent la nourriture des Indiens pendant leurs excursions.

En retour, ces Piaroas reçurent des paquets de cigares dont ils sont très friands, des couteaux, des hachettes, des colliers de verroterie, et se montrèrent très satisfaits de leurs relations avec les étrangers.

Cependant ces allées et venues n’avaient pris qu’une heure. Avant que le soleil se fût abaissé derrière l’horizon, il restait assez de temps aux chasseurs pour tenter quelques coups heureux à travers les forêts voisines d’Augustino.

La proposition fut donc faite, et autant dire que Jacques Helloch et M. Miguel se la firent à eux-mêmes. D’ailleurs, leurs compagnons les chargeaient volontiers du soin d’abattre cabiais, pécaris, cerfs,