Aller au contenu

Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
RESPECT AU TAPIR.

— J’ai deux cartouches à balle dans ma carabine… répondit M. Miguel.

— Eh bien, tenez-vous prêt, tandis que je vais recharger la mienne », répliqua Jacques Helloch.

Et il ne lui fallut que quelques secondes pour mettre son Hammerless en état de faire feu.

Les arbustes du fourré ne remuaient plus. Néanmoins, en prêtant l’oreille, les chasseurs purent surprendre le souffle d’une respiration haletante, et aussi un rauque grognement sur la nature duquel il n’y avait pas à se tromper.

« Ce doit être un animal de forte taille, dit Germain Paterne, en s’avançant.

— Reste ici… reste… lui dit Jacques Helloch. Nous avons affaire sans doute à un jaguar ou un puma… Mais, avec les quatre balles qui l’attendent…

— Prenons garde… prenons garde !… s’écria M. Miguel. Il me semble bien apercevoir un long museau qui s’allonge entre les branches…

— Eh bien, quel que soit le propriétaire de ce museau… » répondit Jacques Helloch.

Et il déchargea ses deux coups.

Aussitôt, le fourré s’ouvrit sous une poussée formidable, un hurlement retentit à travers le feuillage, et une énorme masse se précipita hors des branches.

Deux autres détonations éclatèrent.

À son tour, M. Miguel venait de décharger sa carabine.

Cette fois, l’animal tomba sur le sol, en poussant un dernier cri de mort.

« Eh !… ce n’est qu’un tapir ! s’écria Germain Paterne. Vrai… il ne valait pas vos quatre charges de poudre et de balles ! »

Assurément, s’il ne les valait pas, au point de vue de la défensive, cet inoffensif animal, peut-être les valait-il au point de vue comestible.