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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

par Valdez et Parchal que les pirogues arriveraient avant la nuit.

— C’est bien, repartit le sergent Martial, et pourvu que nous trouvions un bon lit à San-Fernando… À propos… monsieur Helloch… je vous remercie d’avoir sauvé le petit ! »

Sans doute, il s’était dit qu’il devait au moins ce très simple et très bref remerciement ; mais de quel ton singulier il l’agrémenta, et quel regard soupçonneux il jeta sur Jacques Helloch…

Celui-ci ne répondit qu’en inclinant la tête et resta de quelques pas en arrière.

Ce fut ainsi que les « naufragés » atteignirent la bourgade, où, sur l’indication de M. Miguel, le sergent Martial put retenir deux chambres, dans l’une desquelles Jean serait mieux installé que sous le rouf de la Gallinetta.

Germain Paterne vint plusieurs fois au cours de la soirée, — sans que son compagnon se fût joint à lui, — prendre des nouvelles du jeune garçon. Pour toute réponse, il lui fut assuré que tout allait aussi bien que possible, et que l’on pouvait se passer de ses services, dont on le remerciait.

Cela était vrai, le jeune de Kermor reposait paisiblement, et, dès que la pirogue eut été amarrée au port, Valdez apporta une valise contenant des vêtements que le sergent Martial tint prêts pour le lendemain.

Et, de fait, ce matin-là, lorsque Germain Paterne se présenta en la double qualité de médecin et d’ami, ce fut à l’ami seulement, que, malgré les grondements de son oncle, Jean, ne se ressentant plus des fatigues de la veille, fit le meilleur accueil, tout reconnaissant qu’il était de ses bons offices.

« Puisque je vous ai dit que cela ne serait rien, monsieur… déclara une fois de plus le sergent Martial.

— Vous aviez raison, sergent, mais cela aurait pu être grave, et sans mon ami Jacques…

— Je dois la vie à monsieur Helloch, répondit Jean, et quand je le verrai… je ne sais comment je pourrai lui exprimer…