Il y avait évidemment, dans la vie de ce jeune garçon, un mystère que Jacques Helloch avait déjà pressenti. Mais comme il ne lui appartenait pas de le pénétrer, il s’était toujours tenu sur une extrême réserve. Ce qui ne pouvait pas être mis en doute, c’est que le colonel de Kermor avait déjà abandonné le pays, lorsque son fils y arriva, et que le sergent Martial, qu’il fût ou non de sa famille, ignorait absolument où il était allé.
« Et cependant, dit M. Maribal, vous avez des raisons sérieuses de croire, mon cher enfant, que votre père est venu à San-Fernando…
— Des raisons non seulement sérieuses, monsieur, mais formelles.
— Lesquelles ?…
— Une lettre écrite par mon père, signée de lui, datée de San-Fernando, est arrivée à l’un de ses amis dans le courant de l’année 1879.
— C’est formel, en effet… à moins que… ajouta M. Mirabal. Il existe une autre bourgade de ce nom au Venezuela, dans l’est de l’Orénoque… San-Fernando de Apure…
— La lettre venait de San-Fernando de Atabapo, et portait le timbre de la poste à cette date du 12 avril 1879.
— Et pourquoi, mon cher enfant, n’avez-vous pas aussitôt mis à exécution votre projet ?…
— Parce que… mon oncle et moi… nous n’avons eu connaissance de cette lettre qu’il y a trois mois… L’ami, auquel elle était adressée, ne devait la communiquer à personne… et c’est après sa mort que sa famille nous l’a remise… Ah ! si je n’avais pas été loin au moment où mon père s’expatriait… il ne serait pas parti… »
M. Mirabal très ému, attira Jean et l’embrassa affectueusement. Que pourrait-il faire pour lui venir en aide ?… Il se le demandait… Un fait dominait tout, cependant, c’est qu’une lettre avait été écrite par le colonel de Kermor, lettre datée du 12 avril 1879, et qu’elle était partie de San-Fernando de Atabapo.